SOLIDE MEILLEUR PLUS
SOLIDE MEILLEUR PLUS VITE PLUS FORT Le retour díAnthony Joshua Interview par James Brown La défaite imprévue en révèle plus sur un boxeur que la victoire. Anthony Joshua, alors champion du monde poids lourd, a perdu à la septième reprise contre Andy Ruiz Jr en juin à New York. Cette défaite a été une surprise mais le boxeur britannique ne semble pas avoir de regrets. Pas de fulmination, pas de reproches ; le ton n’est pas morose et Joshua rit presque quand il parle de ces envois au tapis. Il est, avant tout, réaliste. Il n’en est pas à son premier revers surmonté. En 2009, il fait de la prison préventive pour s’être battu. En 2011, il est suspendu par l’équipe olympique britannique pour des ennuis judiciaires. Pourtant, il met tout ça derrière lui et décroche l’or olympique à Londres en 2012. Notre conversation a lieu alors que Joshua, né d’une mère nigériane et d’un père d’origine irlando-nigériane, revient du Nigéria où il a passé des vacances plus terre à terre que l’habituel séjour de luxe à la plage. Ce voyage l’a clairement changé. Mike Tyson a dit un jour : « On ne perd pas tant qu’on n’abandonne pas ». Et A.J. n’est pas près d’abandonner. Vous n’avez jamais prétendu être invincible : la défaite fait partie du parcours du boxeur. Vous étiez-vous préparé à perdre dans un gros match ? Complètement. Personne ne vous apprend à gérer l’échec. Il faut regarder vers l’avant mais j’ai toujours fait en sorte d’avoir des yeux derrière la tête. Je cherche toujours à gagner mais je me prépare au pire et au meilleur pour avoir derrière de quoi amortir la chute au cas où. Il y a eu un écart entre préparation et réalité ? Même préparé, on ne s’y attend pas. Le paysage de la boxe a changé depuis mes débuts en 2008 et mes priorités ont évolué en même temps. Je suis au top maintenant donc la question est « Ai-je fait assez ? ». Les gens me voient comme un champion et ils s’attendent à ce que j’aille décrocher le titre au prochain combat. Pas question de « deux, trois ans pour reconstruire ». Si vous regagnez vos ceintures, qu’est-ce qui vous motivera après ? Deux choses me motivent aujourd’hui. La première, m’améliorer et ne pas stagner. On a besoin de nouveaux objectifs dans la vie pour redémarrer. La deuxième est ne pas oublier que je ne combats pas juste pour ma famille et moi. Je combats pour les gens pauvres, en difficulté. Je suis censé aller en vacances à Dubaï ou aux Maldives dans un resort où on ne voit pas ça mais au Nigéria, je suis allé dans les ghettos. Les gens n’ont pas Internet mais il connaissent Anthony Joshua et c’est : « Bats-toi pour nous, aidenous. Si tu ne veux pas combattre, fais-le pour nous. ». Ma boxe va adopter une posture nouvelle mais ce n’est pas une histoire d’ego, le mien ou celui d’un autre. C’est pour les gens dans la pauvreté, je veux commencer à donner. Parfois, avec le 39